Les théâtres pendant la pandémie

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Mise à jour: Les cinémas vont ouvrir pour la semaine de relâche 2021, mais les théâtres demeurent fermés.

Dans une lettre publiée dans plusieurs médias du Québec à la veille de l’été, l’auteur et dramaturge Olivier Kemeid faisait un vibrant appel à l’aide : « Ce n’est pas parce que nous sommes dans l’inconnu que nous devons être plongés dans le vide […]. Nous contribuons, parfois loin des projecteurs médiatiques, mais sans jamais défaillir, à l’affirmation d’un peuple. C’est par l’art que se définit l’âme d’une population. C’est dans nos salles que se trouve l’agora. C’est par le corps des danseurs et des acteurs que s’exprime notre désir de liberté, d’élévation, de dépassement. Les temps tragiques que traversent nos sociétés, c’est nous qui les raconterons aux générations futures. Nous pouvons amener du réconfort, oui, mais aussi de la critique, du recul, de la pensée : nous sommes un rouage essentiel à la vie démocratique du pays. Nous sommes les témoins, les opposantes, les subversives, les esprits libres, les chagrineurs, les satiristes, les philosophes, les poètes, les objecteurs de conscience. Nous sommes les taons qui piquent sans relâche le cheval du corps social : la piqûre ne fait pas toujours du bien, et elle n’a pas valeur de vaccin, mais elle reste essentielle. Car sans cette piqûre, l’attelage n’avance pas. À quoi bon guérir si nous n’avons plus rien à nous dire ? À quoi bon venir à bout de ce fléau si c’est pour se réfugier dans la consommation vidée de sens, de beau? »

Le reportage double-page publié dans la version papier du Monde Ouvrier. Photos Eric Demers

Les artistes de la musique, du cinéma, du théâtre et de la danse ainsi que les techniciens et techniciennes d’éclairage et de scène ont été particulièrement affectés par cet arrêt soudain et prolongé dû à la pandémie de COVID-19.

La FTQ représente des milliers de personnes par l’entremise de l’AIEST (Alliance internationale des employés de scène de théâtre et de cinéma) qui sont directement touchées par l’arrêt des spectacles. Nous avons hâte de vous revoir au travail et de prendre plaisir à regarder et entendre vos œuvres!

Les artisans au bout du rouleau

Les artisans et les artisanes des arts vivants ont reçu comme un baume à l’annonce du prolongement de la Prestation canadienne d’urgence (PCU). Cependant, les pressions financières occasionnées par l’absence ou les réductions de travail commencent à placer plusieurs d’entre eux et d’entre elles dans des situations de plus en plus précaires.

Faire parler le silence

En plein cœur de la première vague de COVID-19, le photographe et rédacteur en chef du Monde ouvrier, Eric Demers, a pris en photo des salles de théâtre vides de la région Montréal. Ses photos sont le témoin de la mise au silence forcée des arts de la scène. Le vide des salles et des couloirs témoigne de l’ampleur de la crise vécue par les arts vivants. « Je voulais faire voir l’invisible, faire parler l’absence. Pendant que je prenais les photos, j’avais l’impression de parcourir des ruines archéologiques. Chaque objet ou trace était comme un indice de la tragédie qui avait eu lieu. Les salles avaient fermé en catastrophe en mars laissant sur place des décors intacts et des loges encore habitées ».