Alors que les négociations sur le financement climatique et le financement en réponse aux pertes et préjudices s’intensifient à la COP27, une nouvelle recherche montre que l’approche du Canada en matière de financement climatique s’est considérablement transformée au cours des dernières années. Mais il reste encore beaucoup à faire pour respecter ses obligations.
Cette recherche, présentée dans des infographies publiées par le Réseau action climat Canada (CAN-Rac) et la Coalition canadienne sur le changement climatique et le développement (C4D), montrent que le Canada a dépassé sa cible de financement climatique pour la période 2015 – 2020, en engageant près de 2,7 milliards de dollars canadiens. Cependant, la quantité reste bien inférieure à la part équitable du Canada dans les besoins mondiaux, et même la promesse de l’année dernière de doubler le financement climatique ne nous amène qu’à mi-chemin.
Dans le même temps, le Canada a fourni 18 milliards de dollars canadiens aux entreprises de combustibles fossiles, soit près de vingt fois le montant consacré au financement bilatéral du climat.
La COP27 offre au Canada l’occasion d’agir et de rétablir la confiance notamment lors de la table ronde sur l’échec des pays développés à atteindre l’objectif annuel de 100 milliards de dollars américains à laquelle participe le ministre Steven Guilbeault.
« Le Canada a fait un pas en avant en codirigeant le plan de mise en œuvre du financement climatique et en augmentant son soutien. Mais notre gouvernement ne pourra pas réparer la confiance brisée tant qu’il ne joindra pas le geste à la parole et ne s’engagera pas à faire sa juste part avec un financement qui répond aux besoins du Sud global. »
–Eddy Pérez
Directeur de la diplomatie climatique international, Climate Action Network – Réseau action climat Canada
Des prêts et non des dons
De 2018 à 2020, le gouvernement canadien a distribué près de 80 % de ses financements bilatéraux pour le climat sous forme de prêts – une part plus importante que celle de tous les autres pays du CAD, à l’exception du Japon et de la France – augmentant ainsi le fardeau de la dette des pays en développement.
CAN-Rac et C4D demandent au gouvernement fédéral d’améliorer la quantité et la qualité de son financement climatique, et de se prononcer en faveur de la création d’un mécanisme financier de l’ONU dédié aux pertes et préjudices causés par les impacts climatiques.
Faits saillants :
- En 2020, le Canada a contribué à peine plus de la moitié de sa part équitable dans le financement climatique bilatéral, et seulement un tiers de sa juste part du financement climatique global.
- Dans le même temps, le Canada a fourni 18 milliards de dollars canadiens aux entreprises de combustibles fossiles, soit près de vingt fois le montant consacré au financement bilatéral du climat.
- Le Canada représentait 2,5 % des engagements bilatéraux de financement climatique à des fins principales parmi les pays de l’OCDE en 2020, soit moins d’un dixième de la part de l’Allemagne.
- Un peu plus d’un tiers (36 %) du financement climatique du Canada entre 2016 et 2021 a été consacré à des projets d’adaptation.
- De 2018 à 2020, le gouvernement canadien a distribué près de 80 % de ses financements bilatéraux pour le climat sous forme de prêts – une part plus importante que celle de tous les autres pays du CAD, à l’exception du Japon et de la France – augmentant ainsi le fardeau de la dette des pays en développement.
- Les financements du Canada restent fortement orientés vers les banques multilatérales de développement (BMD) : 1,46 milliard de dollars canadiens, soit 54 % des engagements totaux du Canada en matière de financement climatique de 2016 à 2020, ont été acheminés par le biais d’initiatives au sein des BMD, dont la majorité tarde à verser les fonds et est moins accessible aux pays vulnérables au climat.
Le Réseau action climat Canada et la Coalition canadienne sur le changement climatique et le développement demandent au gouvernement de combler les lacunes et de répondre aux besoins des pays en voie de développement :
- Augmenter le financement du climat d’un milliard de dollars canadiens par an jusqu’en 2025/2026
- Consacrer 50 % du financement climatique à l’adaptation, entièrement sous forme de subventions
- Annoncer clairement et publiquement son soutien à la création d’un mécanisme de financement des pertes et préjudices lors de la COP27. Le financement doit être additionnel et ne doit en aucun cas retirer des ressources indispensables à l’atténuation et à l’adaptation