Violences sexuelles: un changement à faire

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Manifestation contre les agressions sexuelles à Montréal le 19 juillet 2020. Photo Mélodie Descoubes

Les agressions à caractère sexuel font partie de la problématique plus large des violences faites envers les femmes. Près de 90 % des victimes d’agressions sexuelles au Québec sont de sexe féminin.

Nous savons aussi que, bien que toutes les femmes soient susceptibles de vivre une agression à caractère sexuel, les minorités visibles, les autochtones, les femmes avec un handicap physique ou intellectuel, les femmes de la diversité sexuelle ou encore celles aux prises avec des problèmes de santé mentale sont encore plus à risque.

Dénonciations publiques : le Québec divisé

En 2014, la Fédération des femmes du Québec a lancé le mouvement AgressionNonDénoncée pour briser le silence sur les agressions sexuelles.

Le mouvement #Metoo a quant à lui débuté en 2017 et pris de l’ampleur dans le cadre de l’affaire Weinstein aux États-Unis. Il s’est manifesté au Québec sous le mouvement #MoiAussi. Encore l’année dernière, le Québec a connu une nouvelle vague de dénonciations d’agressions sur les réseaux sociaux et dans l’espace médiatique.

Plusieurs considèrent cette façon de dénoncer comme une manière de mettre en garde la communauté contre des individus jugés dangereux et voient dans ce processus un moyen de mettre fin à l’impunité entourant les agressions sexuelles. Les vagues de dénonciations publiques ont d’ailleurs un effet important sur le climat social et encouragent les survivantes à dénoncer leurs agresseurs par les canaux officiels. Notamment, en 2017, année marquée par #MoiAussi, le Service de police de la Ville de Montréal a constaté une hausse de 23 % des plaintes pour agressions sexuelles. Toutefois, un sondage mené en juillet 2020 par la firme Léger révélait que 59 % des Québécois et Québécoises jugeaient ce moyen de dénonciation injustifiable et estimaient que les victimes auraient dû passer par le système de justice.

Un processus judiciaire qui échoue

Quelle est donc l’issue des plaintes officielles adressées directement au système de justice ? Selon diverses études, un maigre 5 % des agressions sexuelles est déclaré à la police. Les spécialistes attribuent ce faible taux à un manque de confiance des survivantes vis-à-vis du système de justice. Bien que les institutions évoluent dans le temps, les façons de faire et les délais ne sont toujours pas adaptés à ce type de crime. De plus, seulement trois plaintes formelles pour agressions sexuelles sur 1 000 se soldent par une condamnation.

Cette année, sur les trois récents procès médiatisés, aucun ne s’est soldé par une condamnation (les deux premiers ont été acquittés et le troisième s’en est sorti en raison d’un vice de procédure), ce qui semble n’avoir que renforci cette méfiance des victimes envers les processus officiels.

Des voix s’élèvent pour changer le système judiciaire

Plusieurs voix se sont élevées pour demander que l’on se dote collectivement d’un système judiciaire adapté aux réalités des victimes d’agressions sexuelles. Cela passerait par un plus haut taux de rétention des plaintes, des délais moins longs et un processus qui ne victimise pas de nouveau les plaignantes.

Plusieurs revendiquent également le passage vers une culture du consentement et vers une société qui ne tolère plus les violences sexuelles. Finalement, ces mêmes voix considèrent que les violences sexuelles s’inscrivent dans le cadre des rapports inégalitaires entre les hommes et les femmes et que nous aurions tout avantage à multiplier les efforts pour atteindre l’égalité.