Le monde syndical contre les reculs en santé et sécurité

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Les présidents et présidente des quatre grandes centrales syndicales en conférence de presse à propos de projet de loi 59

Dans une conférence de presse conjointe, les quatre grandes centrales syndicales ont demandé d’une seule voix au gouvernement Legault de revoir le projet de loi 59. À quelques jours de la reprise de l’étude détaillée du projet de loi no 59 sur la modernisation du régime de santé et de sécurité du travail le temps presse pour empêcher, selon elles, des reculs historiques en matière de prévention et d’indemnisation des travailleurs et des travailleuses.

Quatre grands axes ressortent de la critique syndicale du projet de loi: La liste des maladies professionnelles désuète, la mise à mal de la prévention, le manque de mesure en santé psychologique et dans la construction.

Mardi, dès la reprise des travaux sur l’étude détaillée du projet de loi no 59, les parlementaires trancheront sur la question de la liste des maladies professionnelles qui donne droit à une présomption pour la reconnaissance d’une lésion professionnelle. Selon Luc Vachon de la CSD, « non seulement tout le monde s’entend pour dire que la liste des maladies professionnelles est désuète, mais aussi sur la façon de l’actualiser. » Un consensus entre les associations patronales et syndicales a pourtant émergé afin d’en assurer la mise à jour et son actualisation par la suite. « Or, le ministre Boulet a choisi d’ignorer ce consensus et, en plus, d’ajouter des critères qui empêchent de fait l’accès à la présomption pour certaines maladies, dont la surdité. »

Jacques Letourneau de la CSN reproche également au gouvernement de tourner le dos aux processus paritaires existant en prévention. « Les travailleurs et les travailleuses du Québec devront maintenant négocier la protection de leur santé et sécurité en même temps que leurs salaires. C’est inacceptable! »

En matière de risques psychosociaux, le portrait n’est guère plus reluisant selon les centrales syndicales. Alors que les lésions professionnelles d’ordre psychologique ne font qu’augmenter, particulièrement dans les métiers à prédominance féminine, le ministre doit s’assurer que les acteurs des milieux de travail puissent les prévenir et les indemniser, selon elles. « Notre souhait est que l’importance d’assurer la santé psychologique des travailleuses et des travailleurs se reflète dans le projet de loi et de façon concrète. Il faut que nous ayons collectivement les moyens d’agir », a souligné Sonia Ethier de la CSQ.

En ce qui concerne la construction, les décès chaque année sont surreprésentés comptant 20 % des décès, alors que l’industrie n’emploie que 5 % de la main-d’œuvre du Québec. Pour les porte-paroles, le projet de loi no 59 introduit des mécanismes de prévention, mais ne s’assure pas qu’ils puissent être fonctionnels sur le terrain. Les représentants en santé et en sécurité doivent être indépendants des employeurs, selon eux, pour pouvoir intervenir librement et réellement représenter les intérêts des travailleurs et travailleuses à risque. « Si le ministre veut vraiment sauver des vies, il doit assurer une indépendance et une stabilité dans les représentants à la prévention dans le secteur de la construction en instaurant une législation qui met sur pieds une représentation syndicale des travailleurs et des travailleuses de ce secteur. Sinon, ce n’est que de la poudre aux yeux », a conclu Daniel Boyer de la FTQ.