L’anglicisation des milieux de travail du Québec se poursuit

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C’est sans grand étonnement que la FTQ a pris connaissance des résultats de l’enquête de l’OQLF portant sur les exigences linguistiques auprès des entreprises, des municipalités et des arrondissements de Montréal rendue publique le 11 août dernier.

«Ça fait longtemps que nous mettons les gouvernements en garde contre l’anglicisation de la métropole et du Québec. Malheureusement, les gouvernements précédents ont trop longtemps croisé les bras et détourné les yeux en espérant que le problème de l’anglicisation du Québec disparaîtrait comme par magie. Tout ça, c’est le résultat d’un laisser-aller accablant», déclare le secrétaire général de la FTQ, Denis Bolduc.

Cette enquête révèle des situations fort embarrassantes pour le français comme langue du travail au Québec. Menée auprès d’un échantillon important d’employeurs et de municipalités québécoises, l’enquête se penche sur les exigences en matière de langue formulées par les employeurs québécois lors d’un processus d’embauche.

On y observe qu’une forte proportion d’organisations exige ou souhaite des compétences linguistiques particulières au moment du recrutement de nouveaux employés et employées.  

Les faits saillants de l’étude tels que soulignés par l’OQLF sont (Le Rapport et les études sont disponibles sur le site Web de l’Office):

  • 39,8% des entreprises québécoises ont exigé ou souhaité que la personne embauchée ait des compétences linguistiques en anglais pour le dernier poste pourvu en 2018. Sur l’île de Montréal, ce pourcentage s’élève à 62,9%.  
  • Pour leur part, 23,5% des municipalités du Québec et des arrondissements de Montréal ont exigé ou souhaité des compétences en français et en anglais ou seulement en anglais à l’embauche. Sur l’île de Montréal, 50,0% des municipalités et des arrondissements ont recherché des personnes ayant des compétences en français et en anglais ou en anglais seulement.
  • La nécessité d’effectuer des communications orales à l’intérieur de l’organisation est l’une des raisons évoquées pour exiger ou souhaiter la connaissance d’une langue à l’embauche. Dans l’ensemble du Québec, 48,9% des entreprises ont exigé ou souhaité des compétences en français. Ainsi, 21,2% des entreprises du Québec ont exigé ou souhaité des compétences en anglais pour cette raison. Sur l’île de Montréal, cette proportion s’élève à 41,4%. En ce qui concerne l’ensemble des municipalités et des arrondissements, 7,5% ont exigé ou souhaité que la personne embauchée ait des compétences en anglais pour communiquer oralement à l’intérieur de l’organisme. Sur l’île de Montréal, cette proportion s’élève à 20,0%.
  • Plus du quart (27,8%) des entreprises du Québec ont exigé ou souhaité des compétences linguistiques en anglais pour assurer les communications orales à l’extérieur de l’organisation. Cette proportion est de 21,0% pour les municipalités et les arrondissements.

Pour la FTQ, les gouvernements précédents ont trop longtemps croisé les bras et détourné les yeux en espérant que le problème de l’anglicisation du Québec disparaîtrait comme par magie. L’anglicisation de la métropole et du Québec se poursuit et il importe que le gouvernement actuel dépose sans tarder un plan d’action global et cohérent. Un plan qui s’assure que nos milieux de travail se vivent en français, que des cours de francisation pour les personnes immigrantes soient facilement accessibles, que nos œuvres culturelles soient bien exposées sur les médias numériques et les géants du Web, etc.

«Il faut se réveiller, l’anglicisation de notre société est une réalité et il va falloir un sérieux coup de barre pour enfin se faire respecter. À ce chapitre, nous attendons du ministre responsable de la Langue française, Simon Jolin-Barrette, des gestes concrets. Comme il le dit si bien: il est anormal qu’un travailleur ne puisse pas travailler en français, chez lui, au Québec», conclut Denis Bolduc