
Le 19 février dernier, la ministre fédérale responsable des Langues officielles, Mélanie Joly, a déposé un livre blanc afin de jeter les bases d’une réforme prochaine de la loi canadienne sur les langues officielles.
Cette loi, dont les origines remontent à la fin de la décennie 1960, avait comme but d’établir le bilinguisme dans les institutions fédérales et de permettre aux minorités linguistiques, les anglophones du Québec et les francophones dans le reste du Canada, d’avoir accès à des services dans leur langue.
Est-ce que cette loi a atteint ses objectifs?
Divers constats énoncés dans ce livre blanc semblent plutôt démontrer le contraire. On relève notamment que, bien qu’il y ait plus de 40 % des francophones du Québec qui se déclarent bilingues, ce taux de bilinguisme stagne encore et toujours à 10 % chez les anglophones canadiens. Qui plus est, on y mentionne que la perte du poids démographique des francophones est une tendance qui se poursuit depuis la mise en place de la loi et que l’utilisation du français au travail et à la maison est aussi en baisse, y compris au Québec.
Le poids démographique des francophones qui était de 6,6 % en 1971 est désormais de 3,9 % en 2016. Les projections avancent que ce pourcentage deviendrait à peine 3 % d’ici 15 ans.
Péril en la demeure
Fidèle à son habitude, la FTQ a réagi à ce livre blanc. Si, d’une part, la centrale syndicale se réjouit de toutes mesures faisant la promotion du français, elle espère, de l’autre, surtout une modernisation qui sera à la hauteur de ces reculs alarmants.
Parmi les mesures annoncées figure la question des droits linguistiques des travailleuses et travailleurs québécois de compétence fédérale. Une revendication historique de la FTQ, pour qui la survie du français passe évidemment par le travail, là où l’on passe la grande majorité de notre temps.
Or, ce livre blanc ne précise pas de quelle manière ces mesures linguistiques pour ces travailleurs et travailleuses vont s’appliquer au Québec. Pour le secrétaire général de la FTQ, Denis Bolduc, il est impératif qu’il ait « un seul système d’application de la loi. Autrement, c’est un cafouillage assuré ! Les travailleurs et travailleuses des entreprises de compétences fédérale et provinciale sur le territoire québécois doivent avoir les mêmes droits et l’application de leurs droits doit relever d’un seul maitre d’œuvre, soit l’Office québécois de la langue française ».
Les fonctionnaires francophones au fédéral
Cette volonté du gouvernement fédéral ramène aussi la question du respect de la langue française au sein de la fonction publique fédérale. Récemment, le Commissariat aux langues officielles rendait public un sondage accablant sur l’état du bilinguisme dans fonction publique. Ce sondage précise notamment que pas moins de 44 % des fonctionnaires francophones sont mal à l’aise d’utiliser leur langue maternelle dans les bureaux bilingues de l’Acadie, de la région d’Ottawa et même ailleurs au Québec.
Pour Denis Bolduc, « les membres de la FTQ travaillant dans la fonction publique fédérale sont épuisés de réclamer leur droit de travailler en français auprès du gouvernement fédéral ». Selon le secrétaire général, il importe aussi de demander rapidement des gestes concrets afin que le gouvernement fédéral, comme employeur, mette en place des mécanismes pour s’assurer que les fonctionnaires francophones puissent travailler dans leur langue.