
Forts d’un mandat de 93 %, les syndicats de la construction se sont présentés avec plusieurs dossiers chauds à régler à la table de négociation. Il fallait injecter de l’argent frais dans les régimes d’assurance et de retraite, lutter contre les violations de la vie privée et assurer de bonnes conditions de travail pour retenir la main-d’œuvre dans l’industrie de la construction.
Le régime d’assurance MÉDIC Construction est autofinancé et autogéré. À cause de l’assurance médicaments et des manques chroniques d’investissement, il souffre actuellement de graves problèmes de sous-financement. Pour sa survie, les parties devaient s’entendre pour que des fonds additionnels soient injectés afin d’éviter de nouvelles coupes de bénéfices. De son côté, le régime de retraite de la construction n’a pas été indexé depuis sa conversion en un régime à cotisation déterminée, il était impératif que les employeurs augmentent leur contribution au régime.
Non à la géolocalisation en continu
Les employeurs demandaient également l’introduction d’applications mobiles sur un téléphone cellulaire qu’ils fourniraient ou sur le téléphone personnel des travailleurs et travailleuses afin de pointer les arrivées et les départs sur les chantiers. L’Alliance syndicale avait refusé puisqu’il s’agissait d’une intrusion importante dans la vie privée par la géolocalisation constante et par l’accès aux données personnelles. De plus, l’utilisation du téléphone personnel engageait le travailleur ou la travailleuse dans une série de dépenses et l’obligeait à fournir son téléphone comme outil de travail.
De toute façon, d’autres solutions existent, par exemple, les conventions collectives permettent déjà l’utilisation d’un téléphone cellulaire ou d’une tablette numérique fixe à l’entrée du chantier pour le pointage sans que cet appareil ait à suivre l’employé en continu. La FTQ-Construction avait d’ailleurs gagné une décision arbitrale confirmée par la Cour supérieure qui précise déjà que ces applications contreviennent aux conventions collectives.
Améliorer les conditions pour conserver la main-d’œuvre
L’industrie de la construction est confrontée à une rareté de main-d’œuvre et un récent sondage de la Commission de la construction du Québec (CCQ) révèle que les conditions de travail sont une des principales raisons pour quitter l’industrie :
- 57 % des travailleurs et travailleuses trouvent que les délais de production sont trop serrés;
- 45 % des travailleurs et travailleuses trouvent l’industrie de la construction trop instable;
- 35 % des nouveaux travailleurs et nouvelles travailleuses dans l’industrie la quittent avant 5 ans;
- 53 % des causes d’abandon dans l’industrie sont liées aux conditions de travail;
- 11 % des travailleurs et travailleuses abandonnent à cause d’un accident du travail ou d’un problème de santé.