Collaboration spéciale de Mélanie Dufour-Poirier PhD et CRIA, professeure agrégée, École de relations industrielles, Université de Montréal et de Francine d’Ortun PhD MA BSc et CRHA agréée, professeure-chercheure titulaire (honoraire) d’Université, consultante, Counseling de carrière, Coach-PNL, andragogue, chercheure associée au Centre de recherche et d’intervention sur l’éducation et la vie au travail (CRIEVAT-Université Laval).

La pandémie de la COVID-19 est une situation mondiale inédite qui continue de générer des répercussions psychosociales importantes au sein de la population québécoise. Or, ces répercussions sur la santé mentale, notamment la qualité de vie des travailleurs et des travailleuses, risquent de se faire sentir bien après que le risque d’infection se sera atténué. Les liens étroits que nous maintenons depuis presque 10 ans maintenant avec le réseau des DS et le Conseil régional FTQ Montréal métropolitain (CFTQMM) nous ont ainsi invité à nous questionner sur la nature des impacts de la pandémie actuelle dans les milieux de travail, le rôle, la mission et les interventions des DS depuis mars 2020 et à nous pencher sur les stratégies susceptibles de renforcer leurs capacités d’intervention et leur pouvoir d’agir.
On le sait, les DS utilisent et partagent leur expérience auprès de leurs collègues en détresse, sur la base d’un rapport d’égal à égal, quels que soient leur métier, leur âge, leur sexe ou leur expérience. L’approche qu’ils préconisent est l’écoute active et l’entraide entre les pairs, libre et confidentielle, accessible en tout temps. Ce faisant, il nous apparaissait assez évident que la pandémie allait complexifier, et de beaucoup, la capacité des DS à rejoindre les travailleurs et travailleuses en difficulté et à leur apporter un soutien de qualité; certains essaimés en télétravail, ou déjà en détresse avant la COVID-19 et voyant leurs difficultés accrues au quotidien.
Dans les faits, l’heure était si grave et les conséquences appréhendées, à ce point importantes dans les milieux de travail (avec la suspension notamment des activités de formation des DS et des journées de formation en présence) que, d’un commun accord avec le CRFTQMM, nous avons entamé à l’été 2020 une nouvelle phase de nos travaux de recherche. En juin et en juillet 2020, nous avons donc mené une quinzaine d’entrevues avec des DS et des responsables DS volontaires, recrutés grâce à la coordination du Réseau des DS. De manière globale, nous cherchions à comprendre en quoi la crise de la COVID-19 avait transformé les milieux de travail et les problématiques s’y retrouvant. Nous avons également sondé les perceptions des DS quant à leur rôle auprès des travailleurs et des travailleuses, leur souhait de poursuivre dans ce rôle ou encore de le jouer autrement. Enfin, nous avons entendu la vision des DS quant au rôle d’un syndicat local pour apaiser la souffrance des travailleurs et travailleuses sur le terrain.
Les enseignements dégagés de ces témoignages se sont révélés instructifs pour nous et en appellent à une transformation importante des façons de faire, syndicalement parlant. En étant des agents de proximité s’exerçant sur le terrain, les DS incarnent plus que jamais les yeux et les oreilles des syndicats locaux, questionnant en cela les divisions traditionnelles des rôles syndicaux. Sans grande surprise, les problèmes de santé mentale ont gagné énormément de terrain ces derniers mois dans les milieux de travail et risquent d’alourdir le travail des DS. En somme, potentialiser la portée du travail des DS, en maximisant les synergies de leurs interventions avec celles des autres représentants syndicaux au niveau local, semble nécessaire pour bonifier le pouvoir d’agir de DS auprès des membres, mais aussi auprès des employeurs de manière à mieux marquer le point de vue syndical à tous égards. Et aiguiser la flamme syndicale, celle des jeunes en particulier. Car nos travaux de recherche révèlent aussi cela : la capacité des DS à poser le syndicalisme en des termes positifs et attrayants auprès d’un bon nombre de travailleurs et travailleuses qui, sans l’intervention de la ou du DS, ne se seraient peut-être jamais préoccupés de leur syndicat, cultivant en cela la relève syndicale.
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