
Les conventions collectives de l’industrie de la construction viennent à échéance le 30 avril prochain. Après deux négociations marquées par des grèves et des retours au travail forcés par des lois spéciales, la FTQ-Construction se prépare pour le prochain affrontement.
Maraudage, l’équilibre des forces est maintenu
La période de maraudage a eu lieu du 1er au 31 mai 2020, tandis que la période de vote s’est échelonnée du 1er au 20 juin 2020. L’ordre demeure le même, à savoir la FTQ-Construction avec 43 % des travailleurs de l’industrie, le Conseil provincial du Québec des métiers de la construction (International) avec 23 %, le Syndicat québécois de la construction avec 19 %, la CSD Construction avec 9 %, puis la CSN-Construction avec 6 %.
Selon la loi R-20, ce protocole doit être déposé au plus tard 6 mois avant le dépôt d’un avis de négociation, lequel doit être transmis avant le 1er octobre. Malgré le fait que les quatre syndicats représentant 94 % de l’industrie s’étaient entendus pour renouveler le protocole des deux dernières négociations, la CSN-Construction a demandé des modifications et un arbitre a dû être nommé pour trancher ce différend. [NDLR: Toutes les demandes de la CSN ont été rejetées par l’arbitre le 8 octobre 2020]
La FTQ-Construction continue de dominer, étant passée de 43,86 à 43 % entre les scrutins de 2016 et 2020.
Protocole syndical, encore en arbitrage
Depuis 2011, les cinq associations syndicales doivent être présentes à la table de négociation. Elles doivent convenir d’un protocole entre elles qui déterminera leurs modalités de fonctionnement en vue du renouvellement des conventions collectives.
Selon la loi R-20, ce protocole doit être déposé au plus tard 6 mois avant le dépôt d’un avis de négociation, lequel doit être transmis avant le 1er octobre. Malgré le fait que les quatre syndicats représentant 94 % de l’industrie s’étaient entendus pour renouveler le protocole des deux dernières négociations, la CSN-Construction a demandé des modifications et un arbitre a dû être nommé pour trancher ce différend.
Les patrons ont les dents longues
La table est mise pour les négociations de 2021. Les associations patronales commencent déjà à tracer les lignes sur lesquelles les associations syndicales auront à se battre et certaines de ces luttes sont même déjà commencées.
Déjà, le régime d’assurance MÉDIC Construction est mis à mal par le prix en hausse des médicaments. À moins de l’adoption d’un régime d’assurance médicaments universel, il faudra une plus grande contribution de l’employeur pour garder le régime à flot et cesser les coupes.
Aussi, la mobilité de la main-d’œuvre sera à l’ordre du jour. Après une attaque juridique de l’Association de la construction du Québec (ACQ), le Tribunal administratif du travail (TAT) a déclaré invalides et inopérants des articles du règlement et des clauses des conventions collectives en rapport avec la mobilité. Le TAT a suspendu l’effet de telle déclaration jusqu’au renouvellement de ces conventions collectives, ce qui laisse les syndicats avec la tâche de repenser les règles lors des négociations à venir. Même si la cause est entendue devant les tribunaux supérieurs afin de contester cette décision du TAT, c’est aux tables de négociation que se fera la lutte pour protéger le droit de travailler de manière prioritaire dans la région où le travailleur réside.

Des négos à armes inégales
Tant que la loi R-20 n’intègrera pas des dispositions anti-briseurs de grève et n’autorisera pas de rétroactivité, le processus de négociation des conventions collectives sera à l’avantage des associations patronales. Ceci a pour effet de ralentir les processus de négociation et d’accélérer le recours à la grève ou au lock-out. La FTQ-Construction fait continuellement pression afin de rééquilibrer le processus de négociation pour permettre aux travailleurs et travailleuses de négocier à armes égales.