Se syndiquer, ça resserre les liens!

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Un récit de la syndicalisation des travailleurs de SSP à l’aéroport

En décembre dernier, les 250 travailleurs et travailleuses des comptoirs alimentaires SSP à Dorval réunis en visioconférence ont poussé un soupir de soulagement chacun chez soi : quasiment à l’unanimité, ils ont adopté une première convention collective et, surtout, une lettre d’entente spéciale sur la pandémie protégeant leur droit de rappel et leur assurance collective pendant deux ans.

« Le fait d’être syndiqués, c’est ce qui a sauvé nos emplois quand est arrivée la pandémie », affirme le président de l’unité syndicale représentant les travailleurs et travailleuses d’une quinzaine de restaurants à l’aéroport, Youri George Szabo.

Pour l’instant, seulement cinq membres travaillent. « Les membres dorment plus tranquilles aujourd’hui parce qu’ils se sont syndiqués. On a aussi pu donner un coup de main dans les demandes d’assurance-emploi, de PCU, avec les problèmes de santé et sécurité… »

Le barman serveur a joué un rôle clé dans la syndicalisation. Hésitant au début, Youri George Szabo a fait le saut devant la dégradation des conditions de travail et la réduction des heures de travail : « Ça n’allait plus. Il fallait avoir deux emplois pour arriver. Il y avait du favoritisme. »

Surmonter la peur

On sentait néanmoins la peur de la syndicalisation. « Les gens avaient peur de mordre la main qui les nourrit. Il y avait aussi beaucoup d’immigrants récents, dont plusieurs ne parlaient pas très bien ni le français ni l’anglais, peu au courant des lois et de leurs droits comme travailleurs », explique Youri.

Ce n’était pas son cas. Déjà impliqué dans plusieurs syndicats par le passé, il connaissait très bien les Métallos par son emploi de barman au Sheraton Laval depuis une quinzaine d’années : « Je savais de quelle façon travaillaient les gens de la section locale 9400. Je voyais bien qu’il y avait du cœur dans ce syndicat-là, qu’ils allaient chercher le plus possible pour les travailleurs. »

En collaboration avec la recruteuse Geneviève Baril, également travailleuse à l’aéroport à la chaîne de restaurants HMS, un travail minutieux s’est amorcé pour tisser un réseau de « poteaux » dans toutes les sections de l’aéroport. « On a réussi à trouver du monde de confiance dans des nationalités différentes. […] On est devenu tranquillement une famille d’employés. C’est très touchant de voir ça se construire. »

La publication d’un dépliant a aidé à venir à bout des craintes. « Je suis parti de chez moi à minuit pour aller le distribuer dans tous les casiers. Le lendemain, ça a commencé à se parler plus ouvertement. Les gens étaient plus curieux. On a pu expliquer comment la syndicalisation protégeait nos droits et nos conditions de travail. »

Ça a fait « boule de neige », et une majorité de cartes se sont signées aux quatre coins de l’aéroport. Le groupe a finalement obtenu son accréditation en décembre 2019…

Un an plus tard, en pleine pandémie, alors que les membres vivent une grande précarité, le syndicat est encore soudé. « Je suis fier de mes membres. Ils suivent tous les jours le groupe Facebook, posent des questions, restent impliqués », confie Youri. Comme ses confrères et consœurs, il a hâte de retrouver cette grande famille au travail et « de voir des passagers, des enfants excités de partir en voyage, de voir la vie ! »