Féminicides : la violence, ce n’est pas de l’amour!

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Lettre de Dominic Lemieux, directeur québécois du Syndicat des Métallos

Photo Jean-Luc Ichard

Les féminicides qui se multiplient nous ébranlent tous. Le meurtre de la consœur Nadège Jolicoeur nous a particulièrement touchés chez les Métallos. Cette mère de trois enfants et militante de la section locale 9400 à l’Hôtel Europa a été assassinée le 19 mars dernier, vraisemblablement par son conjoint.

Les confrères et consœurs de Nadège Jolicoeur m’ont parlé d’une dame fantastique et mes pensées vont vers ses enfants et tous ceux qui l’ont côtoyée.

On a le devoir d’aller plus loin. De tout faire pour que la violence conjugale cesse. C’est un devoir que nous avons comme société, comme organisation syndicale, comme militants et militantes, comme hommes aussi…

Briser le cycle de la violence

J’ai vu moi-même de proche la violence. Mon père a déjà été violent avec ma mère et aussi avec moi. Je l’ai vu essayer de contrôler ma mère, l’isoler de ses amies. J’ai vu aussi ma mère avoir peur qu’il pète les plombs encore plus fort, jusqu’à un point de non-retour. C’est enfoui dans mes souvenirs d’enfance, un peu flous.

Ce qui est plus net toutefois dans ma mémoire, c’est le moment où j’ai vu ma mère courageuse mettre fin à la violence. Et pour ça, je lui dois beaucoup… Merci, maman, d’être là et d’être cette grande dame.

Le devoir d’agir

C’est maintenant à titre de syndicaliste que je souhaite m’adresser à tous les militants et militantes. Nous avons tous ensemble un devoir d’agir, d’intervenir, pour contrer la violence conjugale.

Mettons notre pied à terre. La violence, ça ne passe pas. Rien ne peut l’expliquer, la justifier, l’excuser. La violence, ce n’est pas de l’amour, ni du contrôle ou de la jalousie.

Je suis convaincu que même les hommes violents ont des remords. Si vous pensez que vous êtes trop contrôlant, jaloux, que vous avez des impulsions de violence, vous avez le devoir de demander de l’aide.

Si vous pensez que votre chum est violent, contrôlant, ne restez pas seule avec ça, ouvrez-vous, demandez de l’aide.

J’invite aussi tous les militants syndicaux, tous les travailleurs et travailleuses à être attentifs aux signes et ne pas fermer les yeux devant la violence.

Comme organisation syndicale, nous pouvons aussi être une porte d’entrée pour accueillir ceux et celles aux prises avec la violence, sans jugement. Dans plusieurs de nos milieux de travail, le réseau des délégués sociaux peut soutenir et orienter vers des ressources. L’ensemble de la structure syndicale peut aider.

On dit souvent que lorsqu’une ou lorsqu’un de nous est attaqué, c’est tout le groupe qui les défend. C’est aussi vrai en cas de violence conjugale.

Et on s’attend à ce que les gouvernements, la police, les autorités fassent aussi leur bout, fassent mieux pour que les victimes ne se retrouvent pas sans recours.

Hommes ou femmes, agresseurs ou victimes, demander de l’aide, ce n’est surtout pas une preuve de faiblesse. C’est justement être fort.

SOS violence conjugale 1 800 363-9010; 438 601-1211 (texto)