Minimum 18 : la FTQ et la CSN unissent leurs voix

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Photo Jean Laverdière

Le 5 novembre dernier, la FTQ et la CSN ont annoncé, lors d’une conférence de presse conjointe, qu’elles revendiquent désormais un salaire minimum de 18 $ l’heure dans toutes les résidences pour personnes aînées (RPA).

Les deux centrales exigent que les propriétaires de RPA fassent leur juste part, en assurant un salaire décent à leurs travailleuses et travailleurs. Cette annonce survient dans le contexte d’une dénonciation du modèle d’affaires des RPA, d’une main-d’oeuvre de plus en plus rare et de personnes aînées ayant plus que jamais besoin de soins de qualité.

Le privé financé à même nos impôts

Selon le président de la FTQ, Daniel Boyer, « le gouvernement reconnait lui-même les problèmes criants entraînés par les faibles salaires des centres d’hébergement privés. Voilà pourquoi, en pleine pandémie, il a été forcé de verser une subvention salariale de 4 $ l’heure aux propriétaires de résidences afin de contrer l’exode du personnel ». Daniel Boyer souligne d’ailleurs que la suppression graduelle de cette aide financière, à compter du 31 décembre prochain, ne fera qu’exacerber la difficulté à attirer et retenir le personnel des RPA. Si les salaires n’augmentent pas de façon impérative, nous risquons d’assister à un départ massif vers des domaines d’emploi plus payants.

La présidente du Syndicat québécois des employées et employés de service (SQEES-FTQ), Sylvie Nelson, a pour sa part souligné la responsabilité du gouvernement de veiller à la qualité des services qui y sont livrés. Selon elle, « seulement par l’entremise des crédits d’impôt, les résidences privées pour personnes aînées grugent près du tiers du budget total du ministère de la Santé et des Services sociaux alloué aux services à domicile ».

Dans un contexte où les gouvernements subventionnent déjà lourdement les RPA, les syndicats exigent que les RPA fassent leur juste part et augmentent le salaire minimum à 18 $ l’heure.

Un salaire décent pour un travail essentiel

Actuellement, les salaires horaires à l’entrée dans la plupart des RPA placent les travailleuses et travailleurs sous le seuil de la pauvreté. Le vice-président de la CSN, François Enault, martèle qu’il est indécent que les fortes marges de profit des principaux acteurs de ce secteur se fassent sur le dos des travailleuses et des travailleurs. Sylvie Nelson renchérit : « Pas besoin de chercher loin pour trouver plus payant : dans certains secteurs, même les McDonald’s paient mieux que les RPA à l’entrée ». Il apparait évident qu’avec l’inflation galopante et la pénurie de main-d’oeuvre faisant rage au Québec, les travailleuses et travailleurs des RPA méritent un minimum de 18 $ l’heure.

Des aînés à la merci des marges de profit

Avec des conditions de travail précaires, des horaires coupés et des salaires insuffisants, il devient difficile d’assurer une stabilité du personnel dans les RPA. Selon Sylvie Nelson, « les personnes aînées sont les premières victimes des bas salaires offerts dans les RPA. Nos personnes aînées dans les RPA voient constamment défiler de nouveaux employés qui doivent pourtant leur prodiguer les soins les plus intimes. Celles-ci paient une fortune pour leurs logements, mais les professionnels qui prennent soin d’elles ne voient pas la couleur de cet argent ». Pourtant, les personnes aînées seraient aux premières loges des bienfaits d’un salaire décent pour les travailleuses et travailleurs dans les RPA. Pour les centrales syndicales, il est évident que de bonnes conditions de travail permettraient de meilleures conditions de soins.

Unir les forces syndicales pour un salaire décent Les prochains mois s’annoncent chargés avec des négociations groupées et différents moyens de pression à l’horizon. À travers leur point de presse, les deux centrales syndicales ont mis la table pour les négociations à venir. Elles sont catégoriques : aujourd’hui, 18 $ l’heure est le seul salaire acceptable à l’entrée en poste dans une RPA.