COP26 – Au jour le jour, 11 novembre 2021

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Crédit : Sami Dellah

Le lancement de l’Alliance Beyond Oil and Gas (BOGA), comptant parmi ses signataires le Québec, a retenu l’attention de plusieurs à Glasgow aujourd’hui. On apprenait ce matin que le Danemark et le Costa Rica y annonceraient la fin de l’extraction du gaz et du pétrole dans leur pays et un plan de sortie sérieux pour arriver à une élimination complète.

Autre bonne nouvelle, les États-Unis et la Chine ont signé une entente qui établit des objectifs de lutte contre les changements climatiques, ainsi qu’un programme de travail pour y arriver. Espérons que cette entente aura une influence positive sur d’autres pays et États, notamment l’Union européenne.

Des négociations hermétiques

On sent une certaine frustration quand on entend les délégués syndicaux du monde entier rassemblés à la réunion quotidienne du matin. Les droits du travail sont systématiquement mis de côté à la table de négociation qui traite des droits de la personne. Pour les syndicalistes, on ne peut discuter de droits de la personne sans y intégrer le droit du travail et les principes de transition juste, notamment, le travail décent, le dialogue social, la formation, etc. Selon eux, les pays cherchent des échappatoires pour ne pas respecter les ententes et maintenir l’exploitation des travailleurs et des travailleuses de leur pays. Plusieurs ont rapporté que des décisions se prenaient derrière de portes closes à l’abri des négociations officielles par crainte qu’un deuxième texte de couverture soit finalement présenté. Les représentants syndicaux et représentes syndicales présents à ces tables de négociation ont tous dit garder l’œil ouvert.

Comme l’a lancé une panéliste issue des groupes syndicaux lors d’un panel de l’ONU en s’adressant aux dirigeants du monde entier : « Nous sommes plusieurs et vous êtes très peu. Vous nous devez des comptes et nous vous surveillerons ».

Rencontres avec Kristina Michaud, députée du Bloc québécois, et avec Élizabeth May, ancienne chef du Parti vert du Canada

Les délégués se sont longuement entretenus avec Kristina Michaud, députée du Bloc Québécois. « C’est absurde de proposer des cibles sans plan! Il faut des mesures claires pour l’atteinte de ces cibles. » Pour la députée, il faut relever les ambitions climatiques : « C’est dommage de s’en tenir à c’est mieux que rien! Il nous faut une ligne du temps et savoir comment seront encadrés les entreprises et les travailleurs ».

Le Bloc québécois a quelques propositions pour la lutte contre les changements climatiques, dont le plafonnement de la production globale, et ce, dans une perspective de transition juste. Le parti veut aussi développer et rendre plus accessible la finance climatique.

« Il faut également être cohérent! On ne peut pas dire que l’on lutte contre les changements climatiques et, de l’autre côté, maintenir le financement des pétrolières pour les aider à “s’en sortir” alors qu’on pourrait plutôt investir dans les énergies renouvelables. Il est temps de changer de paradigme. »
Pour la FTQ, il est essentiel que les deux paliers de gouvernement travaillent ensemble, et ce, pas seulement pour faire un calcul d’emplois créés, mais plus largement en faisant une étude qui permet de connaitre les impacts des changements climatiques sur les emplois.

Les délégués de la FTQ ont également participé à une rencontre où était présente Elizabeth May, ancienne chef du Parti vert du Canada. Elle a appuyé le principe de transition juste poussé par les syndicats. « Il faut parler d’équité et de protection des travailleurs dans les secteurs de l’énergie, qui sont vraiment un centre de combustibles fossiles ».

Une liste de revendications pour la déclaration finale

Pour le Réseau action climat, dont la FTQ est membre, le texte de la déclaration finale de la COP26 est loin de répondre aux exigences de la science et de la justice. Le réseau publiait aujourd’hui une série de recommandations envoyées au ministre de l’Environnement et du Changement climatique, Steven Guilbeault :

  • Un langage fort et clair sur les droits de la personne : Le langage sur les droits de la personne a déjà été retiré du programme de travail de l’Action pour l’autonomisation climatique, et le Canada n’est pas intervenu. Les négociateurs et négociatrices canadiens peuvent maintenant se rattraper en insistant sur un langage fort concernant les droits des peuples marginalisés, ainsi que sur des conditions spécifiques pour une transition juste au niveau international.
  • Viser la réconciliation : L’article 6 présente de réels dangers pour les droits des autochtones et les communautés locales. Le Canada doit s’assurer que la déclaration finale respecte le principe du consentement préalable, donné librement et en connaissance de cause et s’engage à inclure les peuples autochtones de manière significative.
  • Opérationnaliser l’objectif mondial en matière d’adaptation : dans le contexte du maintien à 1,5°C, il est urgent que tous les pays intensifient leurs efforts d’adaptation. La déclaration finale doit souligner la nécessité d’une action accrue en matière d’adaptation et s’engager à rendre opérationnel l’objectif mondial en matière d’adaptation à partir de 2022.
  • Combler les lacunes en matière d’atténuation : Nous sommes loin du niveau d’ambition nécessaire pour limiter le réchauffement à 1,5 °C. La décision sur la déclaration finale devrait exiger des pays qu’ils augmentent de toute urgence leurs engagements en matière de climat en 2022 et chaque année par la suite.
  • S’attaquer à l’éléphant dans la pièce : les énergies fossiles : La transition énergétique nécessaire et urgente a été le sous-texte de cette COP, pourtant il n’y a aucune mention du pétrole et du gaz dans le projet de texte au-delà de la référence aux subventions. Le Canada peut faire preuve de leadership en demandant des délais alignés avec le 1,5 °C pour l’élimination progressive des énergies fossiles et en reconnaissant la nécessité pour les pays avec une plus grande capacité et une responsabilité historique de le faire plus tôt, conformément à l’équité et à une transition juste.
  • Combler le déficit de financement : Les pays riches ont une obligation en retard, car ils n’ont pas réussi à mobiliser les fonds qu’ils s’étaient engagés à verser à partir de 2020. Ils sont en retard dans la mobilisation des 100 milliards de dollars américains de financement climatique promis en 2009, alors que nous devons débloquer des milliers de milliards pour assurer une transition rapide et radicale dans les pays en développement. La déclaration finale doit reconnaître et s’engager à combler immédiatement l’écart : garantir la livraison annuelle des 100 milliards de dollars américains jusqu’en 2025, consacrer 50 % du financement climatique à l’adaptation et donner la priorité au financement concessionnel.
  • S’attaquer au financement des pertes et dommages : Les femmes des pays du Sud sont touchées de façon disproportionnée par les impacts du changement climatique. Le Canada se considère comme un champion des droits des femmes; il peut le prouver maintenant en soutenant l’établissement d’un nouveau flux de financement pour le financement des pertes et dommages basés sur les besoins.

La FTQ a également signé une lettre ouverte parue aujourd’hui dans Le Devoir demandant au Québec de faire sa juste part dans le dossier climatique et hausser ses ambitions climatiques.

La délégation de la FTQ à Glasgow est composée du secrétaire général de la FTQ, Denis Bolduc, ainsi que plusieurs membres des syndicats affiliés de la FTQ, dont le Syndicat des employées et employés professionnels-les et de bureau (SEPB), le Syndicat des Métallos et le Syndicat des travailleurs et travailleuses unis de l’alimentation et du commerce (TUAC).