Posté à l’entrée d’un établissement de santé de la grande région de Montréal, l’agent de sécurité José a vu son travail changer radicalement.
«Comment expliquer à un couple de personnes âgées inséparables, que madame ne pourra pas accompagner son mari en dedans. C’est un ordre ministériel », illustre le travailleur membre de la section locale 8922 du Syndicat des Métallos.
Chaque jour, il essuyait son lot d’insultes. « Tu reçois des gens qui ne sont pas contents, désagréables. C’est plate, tu as hâte de finir », constate l’agent, qui pouvait intervenir à différents endroits dans l’hôpital, pour calmer un patient agressif, retrouver un patient en fugue, ou encore orienter les gens.
Il décrit le tout au passé, parce qu’il a attrapé la COVID-19. « Pourtant je faisais très attention. J’étais très respectueux des procédures, je me lavais continuellement les mains, j’enlevais une partie de mon uniforme que je plaçais dans un sac-poubelle avant d’embarquer dans mon auto. Je ne voulais surtout pas ramener ça à la maison, avec ma femme qui est enceinte », explique ce père d’un garçon de 2 ans, qui attend la naissance de sa petite fille dans les prochaines semaines.
S’ensuit ensuite une dure épreuve. « Les sept premiers jours, c’est une douleur intense, c’est fort. » Au début, il s’isole le plus possible dans sa chambre pour ne pas contaminer ses proches, ses plats étant servi au pas de sa porte. « Une fois, mon fils était de l’autre côté de la porte et il pleurait. Ça venait beaucoup me chercher! J’avais aussi peur pour ma fille à naître, déjà que les grossesses de ma femme ont été difficiles », explique le père.
Au bout de trois jours, il devient évident qu’il avait déjà contaminé sa femme et son fils. Par chance, ils ne développent pas la forme sévère. « L’infirmière m’a expliqué que les femmes enceintes développaient plus d’anticorps, la nature est bien faite! »
Le pire est passé pour Carlos. Il doit toutefois attendre deux résultats négatifs consécutif avant de pouvoir reprendre le boulot. Son environnement de travail a cependant déjà changé. En son absence, un panneau de plexiglass devait être installé aux postes de travail des agents, alors qu’une telle mesure avait été prise dès le début pour la caissière de la cafétéria. « On prend soin de la population. Mais faut s’assurer que nous aussi, on est protégés », fait-il valoir.
Il espère, comme ses collègues, que les risques auxquels sont exposés les agents de sécurité leur vaudront au minimum une prime, comparable à ce qui est offert à d’autres travailleurs essentiels ou encore au personnel de la santé. Une pétition est d’ailleurs en ligne pour exiger une intervention de Québec en ce sens auprès des propriétaires d’agences.