
Les derniers instants de la vie de Joyce Echaquan, mère de sept enfants et citoyenne de Manawan, ont été marqués par un vil manque d’empathie, par des relents nauséabonds de supériorité morale et par l’odeur putride et distinctive accompagnant le sectarisme propre aux idées racistes. Tout cela, à un moment de vulnérabilité physique et psychologique aigüe, à un moment où elle était venue chercher de l’aide médicale. Ce qui ne fait qu’amplifier l’intensité de la douleurdu moment, qui aurait dû être marqué par le réconfort.
Or, au-delà de l’atrocité des moments filmés par Joyce elle-même avant de mourir, cet épisode témoigne d’un mépris perpétuel envers les personnes autochtones. Ce mépris se répète trop souvent depuis plusieurs siècles dans notre nation.
Combien de personnes travaillant dans le domaine de la santé partagent les mêmes idées que les deux salariéesenregistrées à l’hôpital de Joliette le 26 septembre dernier ? Combien de décideur-e-s et d’administrateurs-rices oeuvrant au niveau de la Santé et des services sociaux entretiennent silencieusement des biais vis-à-vis des personnes autochtones. Et en quoi ce type de préjugés existant tant sur le terrain que dans l’appareil administratif influencent-ils tacitement les politiques publiques de nos gouvernements ? Quel genre de soins reçoit une personne qui fait l’objet d’un tel dédain? Bien entendu, il faut éviter le piège de la généralisation.Le propos n’est pas d’affirmer que toutes les personnes (professionnelles ou en soutien) œuvrant dans le domaine de la Santé sont entachées par une telle culture raciste. Pour la vaste majorité d’entre elles, tel n’est pas le cas.
Cependant, force est de reconnaître que de tels préjugés polluent également les espaces de travail au sein de bien d’autres secteurs d’activité. Malheureusement, pour quelques personnes, de tels récits revêtent à ce jour, un caractère presque folklorique ou encore pire anecdotique. Mais pour ceux et celles qui la plupart du temps intériorisent de tels affronts, « ça fait terriblement mal ». Finalement c’est la dignité et le respect qui doivent être conférés à toute vie humaine qui ont été dérobés à Joyce Echaquan dans ses derniers instants. Le fait de parler, de dénoncer et de s’indigner du sort subi par Joyce est une réaction saine et empreinte d’humanité. Ce qui est à souhaiter c’est que notre réflexion actuelle nous pousse à poursuivre ces difficiles conversations sur les manifestations du racisme (qu’il soit systémique ou non) dans nos milieux de travail afin que davantage d’entre nous deviennent des vecteurs de changement à ce niveau. Comme on le dit communément « me semble qu’on est dû ».
Paix à toi Joyce, honneur et respect.
Marc-Édouard Joubert, Président du Conseil régional FTQ Montréal Métropolitain