Au-delà du Mois de l’histoire des Noirs

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Le mois de février est le Mois de l’histoire des Noirs et, cette année encore, il y a eu une pléthore d’activités et diverses réalisations ont été soulignées en grande pompe.

C’est en 2006 que le Mois de l’histoire des Noirs est officialisé au Québec par l’Assemblée nationale du Québec afin de souligner la contribution historique des communautés noires à la société québécoise. Cette loi est entrée en vigueur le 1er février 2007.

Bien qu’elle soit méconnue, il est important de dire que l’histoire des communautés noires commence bien avant l’esclavage et la colonisation. Leur histoire est longue et riche d’exploits ! Au Québec, elle remonte aux alentours de 1629 avec l’arrivée d’Olivier Le Jeune, un esclave en Nouvelle-France. 

Une reconnaissance notable de l’histoire des communautés noires qui a retenu l’attention médiatique récemment, et qui a fait leur fierté au Québec et au Canada, c’est l’apparition de Mme Viola Desmond, une militante pour les droits civiques en Nouvelle-Écosse, sur nos billets de 10 $.

Des reconnaissances de ce genre réjouissent les militantes et militants syndicaux : « Nous avons à cœur la quête d’équité et nous luttons pour l’égalité des chances. La reconnaissance historique de nos combats pour la liberté passe en outre par la mise en valeur des actes et des personnes qui y ont contribué », affirme Maryève Boyer, membre du comité équité du SEPB-Québec.

Qu’en est-il cependant du quotidien des personnes noires au Québec?

De cette reconnaissance historique devrait naturellement découler une représentativité exhaustive dans le monde du travail selon les militants et les militantes de la FTQ. Pourtant, cette représentativité n’est pas au rendez-vous.

Parlant en juin 2020 de la piètre représentativité dans le monde du travail, un article de Radio-Canada titrait qu’il y avait un déficit de 26 000 travailleurs et travailleuses issus des minorités visibles au sein des services publics du Québec.

De plus en plus de professionnels et professionnelles dénoncent le gaspillage de leurs talents. Les barrières à l’entrée peuvent être multiples et elles en exaspèrent plusieurs. Le manque de représentativité est une problématique sans cesse mentionnée.

Le rapport du Groupe de travail sur la pleine participation à la communauté québécoise des communautés noires publié en 2006 fait plusieurs recommandations à cet égard. Le groupe de travail de lutte contre le racisme systémique retient cinq recommandations :

  1. Il faut lutter contre le racisme et la discrimination raciale;
  2. Il faut améliorer l’accès à l’emploi dans la fonction publique et les emplois supérieurs, appliquer la Loi sur l’accès à l’égalité en em­ploi dans des organismes publics et la faire appliquer par les employeurs dans les entre­prises;
  3. Il faut améliorer l’image des personnes noires dans la société et la faire vivre dans la mémoire collective;
  4. Il faut soutenir l’entrepreneu­riat;
  5. Il faut améliorer le soutien aux familles, aux femmes et aux jeunes racisés.

Selon les militants et les militantes du groupe de travail sur le racisme systémique de la FTQ, plusieurs efforts ont été consentis, mais ils et elles préconisent une approche plus globale des enjeux. « Ce n’est pas en nommant une personne noire dans un poste de haut niveau ou en l’affichant sur un billet d’argent que le problème de discrimination des personnes noires est réglé ! », rappelle Djimy Théodore, directeur des groupes d’équité à l’AFPC-Québec.

Comme il le fut démontré à de nombreuses reprises, face à un nom ou un prénom à « consonance inhabituelle », les vieux préjugés refont vite surface.

Toujours selon les membres du groupe de travail sur le racisme systémique de la FTQ, il faut souligner la résilience et la force de caractère de ceux et celles qui ont pu passer outre ces préjugés et le fait que certaines institutions sont difficiles à percer. Même lorsqu’on réussit à entrer dans certains milieux de travail, certaines personnes noires rapportent avoir la sensation d’être scrutées et observées plus que la moyenne. Parfois, on ressent la nécessité de marcher « droit ». De plus, la compétence n’est pas une garantie de reconnaissance, mais peut plutôt être perçue comme une menace.

Le groupe de travail sur le racisme systémique de la FTQ estime que pour obtenir une vraie représentativité, des efforts doivent être accomplis quotidiennement et non pas seulement à l’occasion.